Si avorter est possible légalement en Belgique depuis plus de 30 ans, les associations du secteur des droits sexuels et reproductifs dénoncent depuis belle lurette des conditions trop strictes entravant le droit à l'IVG. En outre, toutes les femmes ne sont pas logées à la même enseigne, les plus précaires faisant face à un "parcours semé d'embûches", dénonce jeudi, à l'occasion de la Journée mondiale pour le droit à l'avortement, Médecins du Monde.
Pour l'ONG, il est dès lors "urgent" de revoir la loi relative à l'IVG, notamment en allongeant le délai au cours duquel une femme (ou toute personne ayant un utérus) peut avorter. Le dél ai légal est actuellement fixé à 12 semaines de conception mais Médecins du Monde plaide pour l'allonger à 18 semaines, rejoignant ainsi les recommandations du comité d'experts, mandaté par les parlementaires de la Vivaldi pour évaluer la loi IVG.
Médecins du Monde dénonce également une discrimination des personnes plus précaires, lesquelles doivent traverser un parcours semé d'embûches pour avorter. Les femmes sans-papiers et celles qui n'ont pas accès aux soins de santé doivent, pour avorter, faire appel à l'Aide médicale urgente (AMU), soit une intervention financière du CPAS dans les frais médicaux. Cette procédure est "très lourde administrativement", dénonce Médecins du Monde.
"Six à huit prestataires de soins à rencontrer, parfois jusqu'à 10 entretiens, une attente pouvant aller jusqu'à 9 semaines pour obtenir cet accord. Pour finalement obtenir une réponse négative. Ou positive, mais qui aura pris tellement de temps, que le délai pour recourir à une IVG est parfois déjà dépassé", déplore ainsi, dans un communiqué, Céline Glorie, référente santé, droits sexuels et reproductifs pour Médecins du Monde.
"Cette situation peut s'avérer dramatique, notamment pour des femmes victimes de violences sexuelles, ou pour celles qui se voient forcer de demander un soutien financier auprès de leur entourage", pointe l'ONG.
Médecins du Monde recommande dès lors de simplifier l'accès à l'IVG et d'harmoniser la procédure, quelle que soit la situation administrative et financière de la personne demandeuse. L'ONG demande aussi de garantir le libre choix du prestataire de soins, d'informer, former et sensibiliser les organisations sociales sur l'avortement, et de supprimer le délai de réflexion de six jours.
"La réforme de cette loi, qui bafoue les droits fondamentaux des femmes en Belgique et exclut les plus vulnérables, est une priorité", conclut Médecins du Monde.
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