La plateforme Abortion Right se mobilise pour défendre le droit à l'IVG en Europe

"Le droit à l'IVG est un droit fondamental", assène la plateforme Abortion Right, qui appelle à se rassembler jeudi à 15h30 place du Luxembourg à Bruxelles pour défendre le droit à l'interruption volontaire de grossesse, en cette Journée mondiale pour le droit à l'avortement.

"L'accès à l'IVG est menacé partout dans le monde et l'Europe ne fait pas exception", déplore cette plateforme, réunissant plusieurs associations dont le Centre d'action laïque (CAL), les fédérations de planning familial ou encore Médecins du monde, et qui œuvre pour le droit à l'avortement en Europe et dans le monde.

"On aurait tort de croire que les stratégies mises en œuvre par les mouvements intégristes et conservateurs ne concernent que les États-Unis", où la Cour suprême a révoqué le droit à l'IVG en 2022, met en garde le CAL. Dans un état des lieux de l'avortement en Europe, le centre évoque Malte qui n'autorise l'IVG qu'en cas de danger de mort de la femme, la Hongrie où l'écoute des battements de cœur du fœtus est imposée aux personnes souhaitant avorter, ou encore la Lettonie, la Lituanie, la Croatie, la Bulgarie, la Géorgie et la Roumanie, où "des reculs sont aussi constatés ces derniers mois".

La montée de l'extrême droite en Espagne fait aussi craindre un recul sur l'accès à l'IVG tandis qu'en Italie, la présidente du conseil Giorgia Meloni "a affirmé à de multiples reprises vouloir relancer la natalité en multipliant les obstacles à l'avortement", poursuit le CAL.

La Pologne est également montrée du doigt alors qu'Amnesty International signale que jeudi matin, des professionnels de la santé se menotteront devant l'ambassade polonaise pour "dénoncer la criminalisation des soins de santé relatifs à l'avortement dans ce pays". "Ces dernières années, des millions de personnes en Pologne ont été privées du droit de disposer de leur corps", dénonce le directeur de la section belge francophone de l'ONG de défense des droits humains, Philippe Hensmans.

La Pologne, un pays de tradition catholique, disposait déjà de l'une des lois les plus restrictives d'Europe en matière d'avortements lorsque la Cour constitutionnelle s'est rangée l'an dernier du côté du gouvernement populiste-nationaliste en déclarant les interruptions de grossesse pour malformation fœtale "inconstitutionnelles". Depuis, la loi anti-IVG autorise des avortements si la vie de femme est en danger mais elle est tellement restrictive qu'en pratique, les médecins craignent d'y recourir. Depuis 2020, six femmes enceintes sont ainsi décédées par refus de soins en hôpital, selon le CAL.

"La criminalisation de l'avortement a des conséquences graves et dévastatrices. Elle pousse certaines femmes à recourir à des avortements dangereux et non médicalisés, mettant ainsi leur santé et leur vie en danger. Selon l'OMS, 47.000 femmes meurent chaque année des suites d'un avortement clandestin", enchérit le CAL.

"Les interdictions et restrictions à l'IVG constituent de graves attaques contre la santé sexuelle, l'autonomie de décision et les droits des femmes", dénonce Abortion Right, qui estime qu'en "2023, il faut oser dire qu'un pays qui restreint le droit à l'IVG n'est ni démocratique, ni conforme à l'État de droit".

Alors que la population européenne se rendra aux urnes en juin prochain, Abortion Right veut faire du droit à l'avortement un enjeu des élections. "Ensemble, faisons entendre notre voix et affirmons que l'IVG est un droit humain essentiel pour garantir l'égalité, la dignité et la liberté des femmes", lance la plateforme.

Un rassemblement se tiendra de 15h30 à 19h00 place du Luxembourg pour défendre le droit à l'IVG. Au programme, une fanfare, des stands associatifs ou encore une lecture de la plaidoirie de Gisèle Halimi prononcée lors du procès de Bobigny lors duquel l'avocate a évité à une femme et sa fille une condamnation à la suite de l'avortement de la seconde, après un viol. Des personnes issues de différents pays de l'UE témoigneront également des difficultés d'accès à l'IVG dans leur pays.

Une conférence sur le droit à l'avortement est par ailleurs prévue de 12h00 à 14h00 au Parlement européen.

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