Les échographies «souvenir» ne sont pas inoffensives

Des sociétés spécialisées proposent aux futurs parents, pour des tarifs allant de 40 à 150 euros, des échographies 3D/4D «de plaisir» ou «souvenir». L’Ordre des médecins recommande d’encadrer ces pratiques commerciales.

«L’échographie médicale est justifiée par l’intérêt de l’enfant et de sa mère à bénéficier des techniques optimales susceptibles de contribuer à des soins de santé de qualité, notamment par le dépistage d’anomalies malformatives éventuelles. L’acte présente un bénéfice, la réalisation d’un diagnostic médical, et un risque potentiel lié à l’exposition d’un fœtus à des ultra-sons hautes fréquences», commente le Conseil national de l’Ordre dans un récent avis. «Ce risque est considéré comme minime si des mesures de précaution sont prises.» L’Ordre insiste sur plusieurs exigences de sécurité concernant la qualité de l’appareil, la formation professionnelle et le respect des recommandations d’evidence-based medicine (EBM) et des protocoles d’examen quant aux limitations de fréquence et de durée à ce qui est strictement nécessaire au diagnostic.

Exposition toxique

L’Ordre estime qu’une échographie «souvenir» à des fins commerciales ne présente aucun bénéfice compensant le risque encouru par le fœtus. «En outre, la satisfaction du client est de nature à augmenter les risques d’effets thermiques et mécaniques des ultrasons. Lors d’une échographie «souvenir», le temps d’exposition du fœtus aux ultrasons n’est plus limité par la réalisation du diagnostic mais par le contentement des parents et de l’entourage, ce qui prolonge significativement la durée de l’examen. Une exposition prolongée aux ultrasons peut augmenter la température corporelle du fœtus, ce qui peut être délétère.» Certaines sociétés commerciales proposent de suivre le fœtus en réalisant plusieurs échographies «souvenir» durant la grossesse. Le fœtus est donc exposé inutilement 3 ou 4 fois  aux ultrasons.  Les séances d’ultrasons peuvent durer de 5 minutes à 20 minutes selon les tarifs.  «En outre, la puissance des ultrasons lors d’une échographie «souvenir» est conditionnée par la qualité picturale et esthétique de l’image qui doit être agréable à regarder et compréhensible pour les parents», ajoute l’Ordre. «Lors d’une échographie médicale, l’intensité est réduite à ce qui est nécessaire pour l’obtention d’une qualité d’image suffisante pour le diagnostic médical. Lors de l’échographie «souvenir», le faisceau peut rester statique, par opposition à un mouvement de balayage par la sonde, sur des parties localisées du fœtus (profil, face, organes génitaux, etc.). L’exposition longue et focalisée des organes fragiles comme les yeux et le cerveau est toxique pour les tissus de par leurs effets thermiques.»

L’instance ordinale estime que la qualité de l’appareil, son contrôle périodique, les qualifications pour réaliser une échographie et les conditions de réalisation de l’échographie nécessitent un contrôle. Pour rassurer les futurs parents, certaines entreprises mettent d’ailleurs en avant le recours à un technologue médical spécialisé pour réaliser l’échographie.

Passer d’abord chez le médecin

Pour l’Ordre des médecins, il est impératif que, lors d’une échographie «souvenir», les femmes enceintes soient informées qu’il ne s’agit pas d’un acte médical mais d’un acte à risque sans intérêt diagnostique. «Elles doivent être sensibilisées à la nécessité de réaliser d’abord l’examen échographique morphologique par un médecin échographiste. En effet, lors d’une échographie non médicale, les parents peuvent faussement interpréter une image extérieure satisfaisante du fœtus comme la preuve de sa bonne santé et de son intégrité. De même, ils peuvent être confrontés à la découverte fortuite d’une malformation, voire de la mort fœtale.»

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